REPONSE AU JOURNAL LE MONDE

Les adultes dyslexiques et les parents d’enfants dyslexiques réunis en associations agissent depuis 1983 pour faire reconnaître l’existence des Troubles Spécifiques du langage écrit.

Ils ne peuvent tolérer que la dernière expertise collective de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, travail minutieux de onze chercheurs de renommée nationale et internationale soit qualifié de «fait à la va vite ». Ils se demandent d’ailleurs si les détracteurs cités dans l’article du Monde du 16-02-07 n’ont pas fait eux-mêmes une lecture « à la va vite » !

Réduire ce travail à la confrontation de deux théories « tout psy » contre « tout fonctionnel » correspond à une régression de plus de trente ans, à une contre vérité vérifiable auprès d’un grand nombre de familles, de tous milieux socioculturels, qui ont été culpabilisées et /ou sont encore victimes de cette querelle dépassée. Que de dégâts ! Les troubles psychologiques dus à la souffrance, à la spirale de l’échec vécue par les personnes dyslexiques, à la négation de l’existence de ces troubles ou à leur mauvaise prise en charge, toutes ces familles peuvent attester qu’ils sont, comme les chercheurs l’écrivent, dans la plupart des cas, réactionnels.

L’expertise propose toutefois la poursuite de la recherche au niveau des causes de ces troubles et évoque à plusieurs reprises l’influence que peut avoir l’environnement dans les étapes du développement du langage tant dans le cadre du développement normal que du développement déviant. 

Ils reconnaissent que dans ce travail minutieux, rigoureux  d’analyse de la littérature scientifique menée au sujet des Troubles Spécifiques : dyslexie, dysorthographie, dyscalculie,

les chercheurs de l’Inserm  ont fait le tour de la question du point de vue  médical, et  biologique et que l’ensemble des recommandations qui résultent de ce travail correspond à l’attente impatiente des familles qui souhaitent que ces recommandations soient rapidement suivies d’applications. Un livret de la Direction de l’Enseignement  Scolaire « Apprendre à lire avec un trouble du langage », distribué aux enseignants des cours préparatoires, mais peut-être insuffisamment connu, avait déjà présenté des recommandations méthodologiques pour l’accompagnement des enfants repérés comme présentant des difficultés dès le début des apprentissages.

En effet, sur le terrain, les responsables de ces associations constatent encore trop souvent la méconnaissance des troubles ou, dans le meilleur des cas, l’insuffisance de l’actualisation des connaissances de ces troubles dans tous les milieux  - enseignants, médecins, personnels de la rééducation, parents.

Ils sont donc convaincus que la formation de tous et plus particulièrement des professionnels cités ci-dessus (enseignants, médecins et personnels para médicaux) est un préalable à un repérage, un dépistage, un diagnostic réussis pour parvenir à une prise en charge harmonieuse et coordonnée entre les professionnels de l’Education et ceux de la rééducation.

Les stratégies de compensation, les aménagements pédagogiques, les formations spécifiques seront alors recherchés et mis en œuvre non plus selon la bonne volonté de telle ou telle personne, comme c’est trop souvent le cas, mais parce que l’intérêt de chaque adaptation sera comprise en référence au trouble causal mieux connu, en référence aux besoins de chaque personne. Dans le cadre de projets individualisés de scolarisation, (P.I.S circulaire de 2002.024 paru au bulletin officiel de l'éducation nationale le 7 février 2002), et/ou de Projets Personnalisés de Scolarisation – P.P.S  (MDPH cf. loi du 11 février 2005), ces aménagements, adaptés à la nature et à la sévérité des troubles diagnostiqués, ne seront plus considérés comme des « mesures de faveur », des « avantages » que demandent les parents, souvent les plus informés (en effet tous les parents, quel que soit leur milieu socioculturel, ne sont pas toujours armés pour entreprendre de telles démarches).

Le droit à compensation du handicap engendré par ces troubles sera ainsi reconnu et évident.

 

Au nom des associations de parents d’enfants dyslexiques : Sylvie Dalibard, Martine Leroy, Michèle Charnay.